L'Heure H

Margot, reine de la démesure

30 juin 1559. Nous sommes à Paris, dans la rue Saint-Antoine, la plus large de la capitale. Une foule en totale effervescence est rassemblée autour d’un événement hors-norme : un tournoi de joute. L’art est noble, il attire les aristocrates les plus influents du royaume. Et ce soir, le roi lui-même, vêtu de noir et de blanc, s’apprête à entrer en scène. Son cheval, un magnifique espagnol noir comme le geai, piaffe et attend, les sabots frappant le sol de la piste. A droite du souverain, une tribune, or et bleue, est placée devant l’hôtel des Tournelles - le lieu même de résidence du couple royal. Tout est prêt. Au milieu des meilleures places, les enfants du roi sont agités comme des puces. Parmi eux, Marguerite de Valois. Celle que, affectueusement, ses frères appellent Margot. La jeune princesse tient la main de sa mère, la reine Catherine de Médicis, dont la réputation n’est plus à faire. Mais aujourd’hui, elle n’arrête pas de signer, et de se soumettre à d'innombrables prières. Elle est nerveuse. Très, nerveuse. Son cartomancien, le célèbre Nostradamus, lui a prédit la mort du roi s’il se mettait à jouter. Le souverain, lui, fier comme un paon, se pavane devant sa maîtresse. Sa fille, elle, est terrorisée. Elle perçoit qu’il se trame quelque chose, dans cette ambiance insoutenable de la fin d’après-midi. Nous sommes le 30 juin 1559, il est un peu moins de 17 heures : c’est l’heure H de mon histoire.