L'Heure HMata Hari, l’espionne qui savait danser …
Mata Hari, l’espionne qui savait danser …
41 min
| Publié le 25/09/23
Notre histoire du jour commence à Vincennes. Non loin du château, certes, mais pourtant dans une ambiance aux antipodes. Nous nous trouvons au polygone de tir. Ici règne l’odeur du sang et de la poudre. S’échappent les cris des condamnés à mort, et ceux du commandant qui dirige le peloton d’exécution. Le contexte très incertain est des plus particuliers : c’est celui de la Première Guerre mondiale. Depuis déjà 3 ans, le monde se déchire à grands coups de batailles aussi meurtrières que traumatisantes. La France et l’Allemagne, poumons d’un conflit qui ne cesse de s’envenimer, s’écharpent sans aucune retenue ni pitié. Verdun est terminée depuis peu, la bataille du Chemin des Dames, elle, va connaître son épilogue. Depuis des années, la situation sur le front n’a que trop peu bougé. Des milliers d’hommes ont été sacrifiés pour quelques pas, chaque jour que Dieu a fait. Les organismes ont été mis à rude épreuve, le moral de chacun est en berne. La situation à l’arrière est plus enviable, évidemment, mais les esprits s’échauffent aussi. Le tout Paris guette les traîtres. Ceux que l’on soupçonne d’aider, en cachette, l’Empire Allemand qui menace, qui agresse. Les comportements de chacun sont scrutés, les arrestations vont bon train et surtout, lorsque la trahison est avérée, le coupable en est quitte de sa vie. Une expiation en conséquence d’une trahison : voilà le tarif imposé par le gouvernement français dont la situation est des moins confortable. Tout près d’arbres épars dont les feuilles disparaissent déjà à l’arrivée de l’hiver, devant une butte dont quelques buissons sont les seuls habitants, un poteau, droit. Et seul. Ici, de nombreuses mains ont été attachées. Ici, de nombreux corps ont subi les foudres des fusils et du jugement. Cet endroit s’apprête, en ce lever du jour d’automne morose et humide, à accueillir une nouvelle victime. Et pas n’importe laquelle. La femme qui bientôt verra le souffle de l’existence la quitter est l’une des plus grandes stars de Paris. Elle s’appelle Mata Hari. Depuis des années, elle danse. Dans les salons privés comme dans des salles bondées. Et depuis quelque temps, visiblement, elle joue aux apprenties espionnes. Pas de bol, elle s’est fait prendre. Et va le payer de sa vie. Nous sommes le lundi 15 octobre 1917. Le soleil se voile de honte, l’aube peine à naître ce matin, il est 6 heures, et c’est l’heure H de mon histoire.