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Un projet de biométhanisation dans votre commune : c’est oui ou bien c’est non ?

RTBF INFO Hainaut

4 min

| Publié le 09/01/24

Ils fleurissent un peu partout : les projets de centrales de biométhanisation n’ont jamais été aussi nombreux. C’est particulièrement vrai en Hainaut, province la plus agricole du pays. Ces projets suscitent souvent une très grande opposition des riverains, même parfois des communes. Et nous avons voulu savoir pourquoi. Pourquoi certains projets passent comme une lettre à la poste, et d’autres, provoquent d’importantes levées de boucliers ? Les arguments sont nombreux : économiques, écologiques, éthiques, environnementaux, politiques. Soignies, Estinnes, Hautrage, Ath, Celles, Leuze sont quelques-unes des communes hennuyères actuellement concernées par des projets de centrales de biométhanisation. Des projets plus ou moins avancés, plus ou moins admis, et parfois rejetés en bloc par les habitants, par la commune, par la Région. Exemples : Soignies et Hautrage ont récemment refusé chacune un projet sur leur territoire. Soignies plutôt en raison de la proximité des habitations. Hautrage en raison du caractère industriel du projet, qualifié de "mégalomane" par certains habitants. En revanche, à Estinnes (Rouveroy), les travaux ont commencé et la centrale de biométhanisation devrait entrer en service début 2025. D’autres demandes de permis ont été introduites pour des projets à Celles et à Ath, dans le village de Huissignies. Quelle proximité ? Quels déchets ? Quelle philosophie de projet ? Parmi les critères à prendre en considération, la proximité avec les habitations : le charroi, la crainte des odeurs, des grandes cuves qui défigurent le paysage. C’est ce qui a convaincu Soignies de dire non. Il est clair qu’on pourrait éloigner ces centrales des habitations, mais cela nécessiterait de transporter le gaz jusqu’aux endroits que l’on veut chauffer : piscines, bâtiments publics, … Pas très pratique. Le deuxième critère, ce sont les intrants. Les matières premières. Nos déchets organiques sont généralement admis. Idem pour les déchets organiques de nos entreprises alimentaires, de nos brasseries, de nos négociants en céréales. Mais va-t-on accepter le lisier flamand ? Va-t-on aller acheter des déchets à des centaines de kilomètres ? Va-t-on accepter que des agriculteurs cultivent du maïs, mettent de l’engrais, épuisent les terres, et transportent tout ça juste pour fabriquer du biogaz ? Clairement, pour certains, cela pose question. A Leuze-en-Hainaut, c’est ce qui a engendré la modification du projet Sibiom, et sa mise en stand-by : les autorités ont exigé que les intrants soient en grande majorité issus des entreprises agroalimentaires locales. Le troisième critère, c’est la rentabilité. Beaucoup de méthaniseurs estiment que ce n’est pas rentable sans des subventions de l’Etat ; et donc indirectement, sans contribution du citoyen. Alors, transition écologique, oui, mais peut-être pas à n’importe quel prix.