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Dans les gorges polonaises du Dunajec, avec les montagnards flotteurs

2 min

| Publié le 29/06/18

D'un geste sûr, Stanislaw Migdal, flotteur des monts Piénines, enfonce sa longue perche dans l'eau pour pousser son radeau, où tiennent 12 touristes, à travers les époustouflantes gorges de Dunajec dans le sud de la Pologne, une tradition vieille de près de deux siècles. Gilet bleu brodé de fleurs multicolores, chapeau noir de montagnard sur la tête, il est fier d'appartenir à l'élite de 500 hommes qui, de père en fils, exercent ce métier. "Pour devenir flotteur ici, il faut être un montagnard des Piénines: il faut être né dans un des cinq villages au bord du Dunajec, y vivre, faire partie d'une famille de flotteurs. Depuis quelque temps, on tolère d'autres candidats venus d'ailleurs mais uniquement à condition qu'ils s'installent et vivent ici", déclare-t-il à l'AFP. "Et puis, il faut être célibataire de père en fils...", lance-t-il en rigolant. Les gorges du Dunajec, qui forment une frontière naturelle entre la Pologne et la Slovaquie, offrent des paysages à couper le souffle. Pendant des millions d'années, la rivière a creusé son lit à travers les montagnes calcaires recouvertes d'arbres, créant un canyon surprenant. Les parois verticales y tombent tout droit dans l'eau. Certaines atteignent jusqu'à 300 mètres de hauteur. Et vus d'en haut, les radeaux ont la taille d'une fourmi.  Autrefois, les trains de bois L'an dernier, entre avril et octobre, plus de 230.000 touristes du monde entier ont ainsi fait du rafting à l'ancienne dans les gorges du Dunajec.  Avant de transporter les touristes, les flotteurs des Piénines ont poussé pendant des siècles des trains de bois en les descendant sur le Dunajec puis la Vistule jusqu'au port de Gdansk sur la Baltique. La légende dit que pour chaque voyage, le flotteur ajoutait un coquillage au ruban qui entourait son chapeau.  Au début du 19e siècle, les flotteurs du Dunajec ont commencé à transporter des touristes pour arrondir leurs fins de mois. D'abord sur des embarcations creusées dans un seul tronc d'arbre puis, quand les arbres suffisamment grands se sont faits rares, sur des radeaux en planches. En 1932, une association de flotteurs est née. A l'origine, c'était un métier dur, car une fois la descente finie, il fallait remonter le radeau à contre-courant en le tirant à force de bras. Aujourd'hui, après la descente, les embarcations sont ramenées en amont par camion.