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Hep taxi !

Le grand Jojo

30 min

| Publié le 02/12/21

Il s'en étonne lui-même : il est au coeur de toutes les familles et de toutes les générations depuis son premier succès, Angelina, en 1971. De trois à nonante ans, tout le monde le connaît. C'est surprenant, mais c'est vrai. Le Grand Jojo fait partie d'une culture typiquement belge qui se faufile partout, des cafés aux fêtes familiales ou estudiantines. Son secret ? La proximité. Les gens se sentent proches de lui, et lui ne met pas de barrière. Il a toujours été l'antistar, le copain, le confident, celui avec qui on boit un verre après le concert pour prolonger la fête. En l'écoutant discuter avec Jérôme Colin dans Hep Taxi !, on se dit qu'il n'est pas étonnant que ses chansons soient aussi truculentes. Le Grand Jojo a le sens des mots. Il est un conteur imparable. Plutôt nostalgique, il raconte «l'époque formidable» de sa jeunesse, le quartier populaire à Koekelberg où il a grandi et ses meilleurs souvenirs : tout le monde se connaissait, les cafés et les cinémas débordaient de vie. Il n'oubliera jamais l'entrée dans Bruxelles des GI à la Libération. Adolescent, il déménage dans les Marolles, rue Des Bouchers. Ce sont les années 50, les années d'or de Bruxelles. Il découvre le jazz, fréquente les cabarets où Jacques Brel et Barbara débutent. On construit l'Atomium et puis, l'expo 58 bat son plein. Jules- Jean Vanobbergen (qu'on n'appelait pas encore Le Grand Jojo ou De Lange Jojo) s'y promène en costume café-au-lait, chaussé de blue suede shoes pour draguer les filles du monde entier. Que du bonheur. Lorsqu'il se lance dans la chanson populaire à la fin des années 60, c'est un créneau à prendre, d'autant plus qu'il peut placer ses propres disques dans les jukebox de tous les cafés puisque c'est son «autre» métier. Ses ritournelles aux textes surréalistes et joyeux font un tabac. Angelina, le French cancan, Victor le footballist, SOS... Ses 45 tours se succèdent. Avec On a soif, il dépasse les 100.000 exemplaires vendus en quelques mois. Les Français passent la frontière pour l'acheter. C'est du délire. Fin des années 70, épuisé, il arrête les concerts, mais pas les succès. En 1986, E viva Mexico accompagne les Diables Rouges au Mexique et c'est un triomphe. La chanson devient l'hymne planétaire de la victoire en toute circonstance, encore aujourd'hui. A 76 ans, c'est la consécration de tous ses succès. Le Grand Jojo a un nouveau label et son Grand Best Of se vend comme des petits pains. Il jubile en riant : «je suis chez Universal, aux côtés de Madonna et des Rolling Stones, est-ce que tu peux croire un truc pareil ?».