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Hep taxi !

Jean d'Ormesson

31 min

| Publié le 14/01/20

Jean d'Ormesson incarne le vieillard idéal: souriant, bronzé, toujours chic et décontracté, extrêmement brillant, enthousiaste, généreux, plein d'humour, l'oeil bleu ultra pétillant et qui, en prime, écrit des livres à succès. Mais aurait-il une faille? Est-ce pour cela qu'il a écrit tant de livres (il en a publié 34 à ce jour)? Il vous répond invariablement, le sourire toujours aux lèvres, que c'est la moindre des politesses de ne pas en parler: " Ce sont les déchirures invisibles qui font qu'on écrit... ". Issu de vieilles familles illustres qui, pendant des siècles, avaient surtout, en dehors de Dieu, le souci du nom, de son ancienneté et de sa transmission, Jean d'Ormesson acquiert, dès sa plus tendre enfance, une perception très particulière du temps et du dessein des hommes. Même si sa famille paternelle est assez progressiste, et que son père était surnommé le " marquis rouge " pour ses affinités avec le gouvernement de Léon Blum, le fait d'appartenir à une " très vieille famille " plonge le petit Jean dans un océan de perplexité qui ne semble pas l'avoir quitté. Le temps qui passe, et l'étrange destin de l'humanité, dès ses études de philosophie, sont parmi les grands thèmes qui ne le quitteront jamais. Mais au début, ses livres ne marchent pas. Son quatrième, en 1966, est un renoncement sincère au métier d'écrivain. Il écrit " Au revoir et merci ", mais il ne décroche pas. En 1971, l'énorme brique de 692 pages de " La gloire de l'Empire " lui vaut le Prix du Roman de l'Académie Française et lui ouvre l'accès à l'honorable institution. Il n'a que 48 ans. Sept ans plus tard, il fait entrer la première femme écrivain dans l'hémicycle prestigieux. C'est Marguerite Yourcenar. En 1974, il publie son roman le plus populaire " Au plaisir de Dieu " où il mélange fiction et souvenirs de son enfance dans le château familial à Saint Fargeau. Car le secret de Jean d'Ormesson, c'est qu'il ne se livre pas tout à fait. Plus de vingt-cinq livres ont été écrits depuis et il semble n'avoir jamais déçu ses lecteurs. Aujourd'hui, il reprend tout depuis le début, dans une brillante méditation sur l'évolution de la pensée, le fonctionnement de l'univers et la place de Dieu, dans " C'est une chose étrange à la fin que le monde ".