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Hep taxi !

Hommage à François Weyergans

36 min

| Publié le 28/05/19

Le chapeau enfoncé sur la tête, l'oeil attentif et amusé derrière ses lunettes, François Weyergans confirme qu'il est un écrivain heureux. Même si de notoriété publique l'écrivain belgo-français semble avoir du mal à écrire et à terminer ses livres qui sortent rarement à la date prévue. Il allait jusqu'à louer un appartement en face de son imprimeur pour faire des modifications de dernière minute. C'est ainsi que le livre, publié au printemps dernier a changé de titre. «Mémoire pleine» s'est mué en «Royal romance», du nom du cocktail préféré de son héroïne, avant l'impression de la couverture. L'habileté de son style, sa fluidité, son humour et le côté émouvant de son éternelle introspection, en font un écrivain à succès, cultivé, curieux de tout, récompensé par des prix littéraires dont les plus célèbres sont le Rossel, le Renaudot et le Goncourt. La passion de l'écriture a saisi François Weyergans très jeune, «à force d'entendre la machine à écrire de son père, écrivain lui aussi», dit-il. François Weyergans est né le 2 août 1941, «dans le catholicisme» ajoute-t-il sans sourire. À neuf ans, il écrivait un premier roman, une histoire d'amour : « La porte-fenêtre ». À 13 ans, il notait «François Weyergans, de l'Académie française» sur ses cahiers d'école et pendant toute son adolescence, il ne pensait qu'à écrire. Mais son père l'exhorte à ne pas le faire. Sous l'influence de son père, il se lance dans la réalisation cinématographique à 17 ans, part à Paris, écrit pour les Cahiers du Cinéma et réalise des films sur l'art et des longs-métrages. En 68, il termine son 1er livre «Salomé» qu'il n'ose pas publier de peur de heurter son père. Il saute le pas en 1973 avec le livre suivant, «Le pitre», qui reçoit le prix Roger-Minier et dans lequel il fait allusion à sa psychanalyse avec Lacan. Son père réprouve le livre et les 2 hommes ne se parlent plus jamais. Après le décès de son père, François Weyergans décide de se consacrer à l'écriture. Les livres se succèdent au compte-gouttes car François n'écrit pas vite : 13 livres en 46 ans. Les prix littéraires se suivent avec comme apothéose, sa nomination à l'Académie française en 2009. Son style criblé de digressions savantes devient célèbre. Il y a l'accumulation de ses clones littéraires plus ou moins ressemblants, plus ou moins fantasmés, qu'il met en scène dans presque chaque livre, que ce soit François Weyergraf, Weyerstein, Weyerbite, Graffenberg, Daniel Flamm, Eric Wein, tous écrivains, séducteurs libertins, jouisseurs plus ou moins égoïstes et tous en panne d'écriture. 24 ans après le décès de son père, il démêle leur relation compliquée dans «Franz et François», Grand prix de la langue française ; suivi d'un hommage à sa mère : «Trois jours chez ma mère», prix Goncourt en 2005. Le petit dernier «Royal romance» s'éloigne un peu de ses histoires de famille, mais pas de lui. François Weyergans brouille les pistes entre des souvenirs personnels et ce qu'on pourrait appeler de «l'auto-fiction».