Passer à la recherche
background

Hep taxi !

Jaco Van Dormael

31 min

| Publié le 01/03/24

Avec le film Mr. Nobody, Jérôme Colin est tombé une fois de plus sous le charme de la magie de l'imaginaire de Jaco Van Dormael. Il était donc ravi de pouvoir saisir l'occasion d'un trajet en ville pour partir à la découverte de ce réalisateur belge à l'univers quelque peu atypique. Depuis treize années qu'on l'attendait, ce film, même si, en 2006, comme pour nous donner quelque-chose à grignoter en attendant, il en avait publié le scénario. Depuis six mois, c'est une nouvelle attente. Mr Nobody fait couler pas mal d'encre: absent du Festival de Cannes, primé à Venise, un budget de 38 millions d'euros, 26 semaines de tournage, 14 mois de montage et toute une vie de réflexion ... Car ce film, Jaco Van Dormael l'a en lui depuis toujours. Dès ses tout premiers courts métrages, après ses études à l'INSAS, il plante ses réflexions sur le sens de la vie et le poids des choix que l'on fait. Sa quête de toujours: mettre un peu d'ordre dans le chaos, démontrer que la vérité ne peut apparaître que par la multiplication des points de vues. En 1981, avec Stade, son documentaire filmé lors des Jeux Olympique spéciaux, et avec L'imitateur, tous les deux tournés avec des personnes handicapées mentales, il tente déjà de faire chavirer nos certitudes. Trois ans plus tard, les choses se précisent encore plus quand il met en balance l'avenir d'un enfant sur une décision: monter dans un train ou non. Dans E pericoloso sporgersi, en 1984, les jalons de sa réflexion cinématographique sont déjà posés. Pour lui, le cinéma, c'est une quête de sens, relier les choses entre elles, vivre les vies qu'il aurait peut-être pu vivre. Son but: ouvrir le regard des gens sur la différence. Tous ses courts métrages sont primés. Son travail de fin d'études, Maedel-La-Breche, reçoit déjà l'Oscar du meilleur film d'étudiant étranger à l'Academy of Motion Pictures Arts and Science of Los Angeles. En Belgique, Jaco devient tout de suite une star. Il laisse son métier de clown, mais il en garde le nom. En attendant de se consacrer complètement au cinéma, il écrit des spectacles pour enfants. Il vit dans une maison communautaire et son idéal est de ne pas dépendre de l'argent. Son seul luxe, le temps. Et il le prend en riant de sa propre lenteur. Avec ses longs métrages, il décroche un succès fou, international. Toto le héros fait le tour du monde après avoir décroché la Caméra d'Or du Festival de Cannes et le César du meilleur film étranger en 1992. Le huitième jour, cinq ans plus tard, est récompensé par un Prix d' Interprétation que se partagent Pascal Duquenne et Daniel Auteuil. Ses films émeuvent, dérangent parfois, ce sont des ovni qui ne ressemblent à aucun autre film. Ils sont complexes, poétiques et ils révèlent des vérités. Après le travail titanesque qu'a représenté Mr Nobody, Jaco Van Dormael a d'autres projets et notamment une collaboration avec l'écrivain Thomas Gunzig. Il voudrait travailler plus vite et moins cher.