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Hep Taxi !

Christophe

35 min

| Publié le 17/04/20

A peine assis dans le taxi de Jérôme Colin, Christophe lance des indices sur sa personnalité : « Moi, je suis pas dans les règles, je suis un résistant » et confirme un peu plus loin « Là, il ya un feu vert. On va s'arrêter » ... Mais cet arrêt inopiné avait une raison : « c'est là que Belmondo s'effondre dans A bout de souffle de Godart ». Au fil des rues, Christophe indique la route à Jérôme et lui fait découvrir « son » Paris à lui. Celui qu'il parcourt la nuit. Car Christophe vit la nuit. Il va à la dernière séance des cinémas, parfois à un concert « juste après le réveil », fait du lèche-vitrines quand les magasins sont fermés, dans les rues désertes, travaille sa musique chez lui, dans son studio privé où il passe ses nuits à chercher les sons sophistiqués de ses futures musiques. La seule chose pour laquelle il veut bien se lever le jour, dit-il, c'est pour faire le marché aux puces à Bruxelles, sur la place du Jeu de Balles. Pourquoi vit -il la nuit ? Mais parce qu'il aime son silence, sa solitude, ses lumières particulières, la lune ... « et puis, on n'est pas surhumain, on ne peut pas vivre la nuit ET le jour. C'est pas possible ». Un peu plus loin, ils vont voir la chambre d'hôtel où vivait Oscar Wilde et Christophe y fait une pause musicale très émouvante, avant de passer devant la maison de Gainsbourg. Partout où il passe, Christophe prend des photos avec un petit appareil jetable. Tout l'intéresse, les gens, les objets, il est à l'affût de tout ce qui se passe autour de lui. Il est naturel et sans à priori. Quand il raconte son amour des voitures, les belles américaines ou italiennes, ses virées en Buick, Lamborghini ou Ferrari, la façon dont il a été privé de son permis de conduire, se dessine le profil de la tête brûlée qui est en lui et qui n'était pas décelable dans les années 60 lorsqu'on le voyait chanter « Aline » et « Les mots bleus » à la télévision, en costume gris, avec un air doux et sage. L'image de chanteur pour midinettes générée par son succès est une méprise. Car Christophe a toujours été pareil à ce qu'il est aujourd'hui. Un artiste complet, fragile, extrême, romantique, avant-gardiste et amoureux fou de la musique et des sons. Fils d'un entrepreneur, Daniel Bevilacqua n'aimait vraiment pas l'école et avait tendance à fuguer. Dès l'âge de 14 ans, il part seul et sans autorisation pour aller jouer devant les bars sur la côte d'Azur, avec un sac de couchage, une guitare et un transistor « pour écouter Salut les copains ». Lorsqu'il se lance sérieusement dans la musique, il prend le nom de Christophe, à cause de la médaille de Saint Christophe que sa grand-mère a eu la prudence de lui offrir. En 1965, c'est l'énorme succès, avec « Aline », vendu à plus d'un million d'exemplaires. Jusque là, il n'avait sorti qu'un 45t, « Reviens Sophie », qui était passé inaperçu. Il multiplie les succès pendant quelques années, mais il a envie de faire autre chose. Ses inspirations musicales sont totalement incomprises. A la fin des années 60, sa popularité est en baisse. Comme le monde forain l'a toujours fasciné, il se fait engager alors au cirque Gruss où il chante tous les soirs. Il peint également et vit de la vente de ses toiles. En 1974, Jean-Michel Jarre écrit pour lui les paroles de « Les mots bleus », et cette chanson le réconcilie avec le succès. Il s'intéresse de plus en plus aux sons et fait des recherches sur ses synthés et ses ordinateurs. Mais surtout, il prend son temps et ne suit plus les délais de production normaux. En 96, il signe « Bevilacqua » dont il écrit aussi les textes. Il a de belles critiques, mais la sortie du disque est plombée par l'absence de promotion. Les deux albums suivants ne sortent qu'en 2001 et 2008. « Com' si la terre penchait » et « Aimer ce que nous sommes » marquent son retour en grâce, tant auprès du public que des critiques. Depuis le début de 2013, Christophe présente son dernier album, Paradis retrouvé, à travers la France dans son Intime Tour, Christophe fait en