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Hep Taxi !

Anémone

29 min

| Publié le 02/07/19

Depuis qu'elle est toute petite, Anémone marche hors des sentiers battus. Elle l'a toujours bien fait savoir, que ce soit à l'école, au cinéma ou sur les plateaux de télévision. Rencontrer Anémone n'est donc pas une expérience anodine et ne l'a sans doute jamais été. Dans son enfance, elle avait quelques certitudes : elle voulait devenir une princesse, en tout les cas, quelqu'un de très célèbre, elle adorait se déguiser et mettre sur pied des petites saynètes de théâtre pour lesquelles elle enrôlait de force ses copains. A 13 ans, elle ne veut plus de son nom de famille (Bourguignon) et décide d'intégrer son prénom Anne à autre chose pour en faire un seul nom. Elle finit par trouver Anémone (après avoir pensé à Saranne, en mémoire de Sarah Bernard). Elle fréquente les milieux intellectuels de la rive gauche, à Paris, et elle rêve de cinéma et de liberté. Pas question d'entrer au Conservatoire : "Non au théâtre de papa". Dès l'âge de 17 ans, en 1967, elle joue dans le film que Philippe Garrel nomme Anémone pour elle. Adolescente, elle fuit avec des hippies aux Baléares pour ne pas entrer à l'Université. En 68, ses parents parviennent à l'inscrire en Lettres, mais elle repart avec ses amis pacifistes à New York. Elle milite déjà pour l'écologie. Lorsqu'elle joue dans Ma femme s'appelle reviens et Le père Noël est une ordure, elle a déjà joué dans 20 films. En 1988, elle décroche le César de la meilleure actrice pour son rôle dans Le grand chemin de Jean-Loup Hubert. Elle monte sur le podium déguisée en soldat de l'an II et laisse son César sur place. Provocatrice, elle ne mâche pas ses mots dans les interviews, dénonce le star system et décrète qu'elle n'est pas une actrice, mais une créatrice : "Un acteur connu devient immanquablement un marchand de films". Elle s'éloigne de Paris pour vivre à la campagne et prend des distances avec le show bizness. L'écologie devient sa priorité et dorénavant, elle squatte ses temps de parole promotionnels pour lancer des messages pour la sauvegarde de la planète. Elle tourne encore quelques films remarquables comme Le petit prince a dit de Christine Pascal, Pas très catholique de Tonie Marshall, Lautrec de Roger Planchon ou tout récemment, Le petit Nicolas, de Renaud Fely. Pour le reste, Anémone s'engage plutôt depuis plusieurs années dans des projets de réalisateurs moins connus. C'est précisément le cas d'Amours secrètes de Franck Phélizon qu'elle est venue défendre à Mons à la dernière édition du FIFA. "C'est l'histoire d'un amour impossible entre une jeune juive et un officier SS pendant la guerre. C'est une belle histoire d'amour. J'adore ça, les histoires d'amour. J'ai tous les Sissi chez moi" dit-elle, en serrant son minuscule chihuahua, Turlutte, contre elle. La surprise est complète. Cette rude guerrière de l'écologie et de l'alter-mondialisme a aussi son côté fleur bleue. Ce n'est d'ailleurs pas la seule surprise que recèle cette étonnante rencontre dans Hep Taxi !.