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Vivacité

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Loisirs

Grandeur Nature

à Boulogne-Sur-Mer

70 min

| Publié le 15/03/24

Ce coin du Pas-de-Calais est la capitale de la Côte d’Opale. Bien avant la Bretagne et la Normandie, on venait à Boulogne pour des bains de mer au début du 19ème siècle. En bord de Manche, la ville portuaire est une ville de pêche depuis toujours. On y découvre le plus grand aquarium d’Europe, mais aussi la vie rythmée par les marées à deux pas des plages et des prairies bocagères. Wimereux, là où niche le Fulmar boréal Nous cheminons sur la digue piétonne de Wimereux, à l’entrée de Boulogne-Sur-Mer. Un fleuve côtier, du même nom que la station balnéaire de Wimereux, se jette dans la Manche qui nous fait face. Lieu de villégiature avec d’anciennes villas classées, certes, Wimereux est aussi un nid d’amour pour le Fulmar Boréal. Cet oiseau marin, de la famille de l’albatros, passe sa vie en l’air et pleine mer au-dessus de eaux froides de l’Atlantique Nord et du Pacifique Nord. « Il ne gagne la terre que pour se reproduire », nous explique Sylvie Petitbois de l’association Charme de Wimereux. D’avril à août, dix à quinze couples nichent ici. Sur des corniches et dans les anfractuosités des falaises côtières, comme celle de la Pointe de la Crèche. « Ces pentes nous sont inaccessibles. L’éclosion des œufs a lieu vers la mi-juillet. Les poussins restent environ six semaines en falaise, et ne s’envolent que fin août, début septembre. » Sur la bande côtière, sur le sentier du littoral plus exactement, la Pointe aux oies à l’entrée de la baie de la Slack, témoigne du passage des oiseaux migrateurs. Des lièvres bondissent non loin des dunes dont le minéral gris-jaune tranche avec le bleu-vert du détroit nous séparant des côtes anglaises. Des scientifiques belges sont venus ici-même il y a près de 150 ans pour des observations et des découvertes. Paul Pelseneer, zoologiste bruxellois, était un spécialiste des mollusques et de leur développement. De son époque, où on arrivait par le train, il ne reste quelque 250 villas aujourd’hui classées. Le marbre de Marquise, extrait à proximité dans les calcaires carbonifères affleurants, a bien servi les architectes de l’époque. Le sentier entre dunes blanches, dunes grises et dunes à fourrés est survolé par des goélands bruns et des mouettes rieuses. On n’a pas vu de faucon crécerelles, ni entendu de pics-verts. Mais ils sont bien présents toute l’année. Le plus grand aquarium d’Europe nous accueille à l’entrée de Boulogne. Les océans et leurs plages sont fragiles ; les 1600 espèces et 58 000 animaux que l’on retrouve dans les bassins et terrariums de Nausicaa le sont tout autant. Abysses, hautes mers, grottes sous-marine, océans, failles… On plonge. Derrière les vitres, les bassins et la machinerie, des hommes et des femmes veillent, soignent, cultivent, entretiennent, éduquent, transmettent… Comme Célia. Biologiste, elle est aux petits soins pour ses otaries de Californie. Une espèce longtemps en danger, et pas seulement à cause des orques ou du grand requin blanc. « Leur vétérinaire est Belge et voyage dans le monde entier pour soigner ces mammifères marins. Capable de plonger une vingtaine de minutes en apnée, l’animal gras et musclé file sous l’eau à du 27 km/h pour traquer le poisson. Chaque otarie reçoit ici sa quantité de nourriture quotidienne en fonction de son âge et de son poids. » Au menu du jour : sprat, merlan et maquereau décongelés et inspectés pour éviter tout problème de santé. Seize espèces font ici partie de programmes de reproduction inter-aquariums. Des spécialistes s’occupent ainsi des coraux dont certaines boutures sont réimplantées aux Maldives. Les méduses ont aussi leur pouponnière. Elles sont ici reproduites et élevées pour être étudiées et exposées. « On reproduit entre 15 et 20 espèces de méduses différentes. Elles sont importantes pour la vie marine et font partie du plancton », détaille Coralie qui précise qu’elles se déplacent portées par les courants marins. En eau chaude, les méduses sont plus vite matures. « Elles vivent un an en milieu naturel ; les prédatrices urticantes possèdent de très longs filaments. Comme celles que nous exposons et qui vivent dans le Pacifique. » Inspirée par l’île de Malpelo, « Voyage en Haute mer » nous met en présence de Charles. Une raie de 500 kg et 4 mètres d’envergure qui ingurgite deux fois par jour 5 kilos de poissons. Céline est Belge et biologiste marine en charge de l’alimentation de la raie ce matin. « Nous sommes sept soigneurs polyvalents autour du grand bassin. On ajoute ici des vitamines car la nourriture est congelée. » Comme ses collègues, Céline plonge également avec bonbonnes. Pour assurer l’entretien, le nettoyage, le nourrissage et l’animation. « J’ai voyagé au début de ma carrière après mes études à Liège, mais j’ai trouvé ici de qui satisfaire mes passions pour la vie marine. » Dans ces grands bassins chauffés et oxygénés, requins et autres prédateurs côtoient leurs proies naturelles sans trop d’agressivité : « les poissons sont nourris suffisamment sans qu’ils aient besoin de partir en chasse. C’est le cas notamment des requins nourris une fois par semaine », termine Céline. En bordure de Manche, au cœur des 120 km de bords de mer de la Côte d’Opale, Céline fait découvrir et aimer les océans du monde à des millions de visiteurs. Pour mieux les connaître et les préserver.