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De la brique à la BD en passant par le paradis

Sous couverture avec Odile d'Oultremont

19 min

| Publié le 11/10/19

Voici une partie des sélections de la semaine... Si vous voulez découvrir le reste, n'hésitez pas à visionner la vidéo. Mémoires intimes suivis du Livre de Marie-Jo, de Georges SIMENON, aux Presses de la Cité. À l’occasion du 30e anniversaire de la disparition de Georges Simenon, rien de tel que de se replonger dans ses Mémoires intimes. Le Liégeois en a commencé l’écriture en 1945, un médecin lui ayant alors annoncé qu’il ne lui restait plus très longtemps à vivre. L’écrivain souhaita raconter son enfance et sa jeunesse à Marc, son jeune fils de 18 mois. Heureusement, Simenon vivra et André Gide, à la lecture du récit, lui dira « Pourquoi ne pas en faire un roman ? ». Ce sera Pedigree, paru en 1948, un succès. À la suite du suicide de Marie-Jo, sa fille, en 1978, Simenon reprendra la plume et l’écriture de ses Mémoires intimes qui paraîtront en 1980, l’auteur ayant décidé de raconter sa vie à sa fille défunte, mais aussi à ses fils. Simenon y parle avec franchise de lui, de sa femme, de ses maîtresses et de ses nombreuses aventures sexuelles… Mais il y raconte surtout sa vie de père. Les Mémoires intimes sont un ouvrage passionnant car il est rare qu’un écrivain d’une telle renommée parle aussi intimement de lui. Très touchant aussi car c’est son ultime livre. Le volume s’achève avec les écrits de Marie-Jo que Simenon tenait absolument publier. Plus de 1000 pages à dévorer sans modération ! Borb, de Jason LITTLE, aux éditions Glénat (GLlénAAARG !). L’histoire d’un SDF. Mais comment peut-on faire des gags avec un sujet aussi grave ? Le lecteur de Borb serait-il un égoïste voyeur ? Bien au contraire. Jason Little a réalisé un récit continu mais fragmenté en micro-histoires. Des flashs qui évoquent les difficultés du quotidien des SDF face à des choses qui, pour la plupart d’entre-nous, sont simples : manger, boire, dormir, se protéger du froid, de la pluie, des microbes, des parasites… Une BD qui est tout sauf une moquerie de la situation et de l’existence des SDF, un récit qui se met à leur service en étalant la réalité de ces vies à ceux qui ne rencontrent pas leurs problèmes. Un ouvrage qui, à travers une économie de dessin, parvient à nous toucher au-delà de ce que l’on pouvait imaginer en nous faisant entrer dans les pensées et le vécu quotidien d’un SDF. Une BD où le miroir fini par se retourner et où le récit bascule complètement sur lui-même pour s’achever de façon terrible. Les trois dernières pages sont d’une rare émotion : en refermant l’album, on est retourné comme une crêpe. Une lecture qu’on n’oublie pas. Une bête au paradis, de Cécile COULON, aux éditions L’Iconoclaste. Quelque part dans la France profonde, quand exactement ? Une ferme lointaine, difficile d’accès, au milieu du lisier et des cochons. Un jour, serait-ce par ironie, la fille de la ferme a planté un panneau où elle a écrit « Le Paradis ». Parce que, pour ceux qui y vivent, c’est véritablement le paradis, un endroit qu’ils aiment profondément… même s’il y a des cochons ! L’histoire d’Emilienne, la grand-mère, pour qui le Paradis est toute sa vie. Elle a élevé ses petits-enfants, Blanche et Gabriel, à la suite du décès de leurs parents dans un accident de voiture. Mais pourquoi Blanche va-t-elle déposer des fleurs là où vivent les cochons ? Blanche est aussi viscéralement attachée à cette terre, à ce paradis au milieu des animaux. Une bête au paradis, ce sont des scènes magnifiques, une campagne verdoyante, des pique-niques sous les arbres. Un vrai retour à la nature, à un paradis qui est celui de Blanche, qui y grandira, y tombera amoureuse… Et après… Un récit bouleversant, une vraie rage, une vraie force.