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Classic 21

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Musique

Nergal de Behemoth en interview

Au Graspop Metal Meeting 2019

sous-titré

9 min

| Publié le 26/07/19

Certaines rencontres vous marquent plus que d’autres et celle de Nergal de Behemoth en fait indéniablement partie. Lui qui arrivait il y a deux heures sur le sol belge, en avait déjà profité pour faire une heure de jogging avant de nous rejoindre, et compte repartir chez lui ce soir en Pologne pour trois jours de repos avant la suite de la tournée. Avec une pointe de regret tout de même : avoir raté King Diamond hier soir au Knotfest, et les rater à nouveau ce soir ici au Graspop. Nergal est souriant, disponible, en pleine forme. Il évoquera d’ailleurs sa santé lors de l’interview. Guéri de sa leucémie depuis 7 ans, physiquement en forme, il explique " ne pas être sûr d’en être totalement remis, mentalement et moralement. Mais je suis tellement heureux d’être là. Ça peut paraître cliché mais c’est une réalité : je suis là, je fais de la musique, je monte sur scène, je vais bien. Nous vivons profondément notre musique, et personne ne pourra nous enlever ça, c’est une véritable récompense. En quelque sorte, c’est une renaissance, la renaissance de " l’Antéchrist, " précise-t-il en riant. Ce sera la septième fois que Behemoth montera sur une scène du Graspop, et la deuxième sur une mainstage. Nergal confie d’ailleurs un souvenir lié à la Belgique, ce pays dans lequel les places se sont vendues à une vitesse éclair pour un concert au Biebob (dont l’organisateur gère aussi le Graspop). " Quand je pense à la Belgique, je ne pense pas aux frites mayo, mais bien au Biebob où les 500 places étaient parties en un temps record. " Behemoth est en tournée pour l’album " I love you at Your Darkest ", qui n’est pas un " album-concept " au sens strict mais dont la totalité des titres constitue un " tout monolithique, ce qui n’est pas toujours facile à installer à une époque où beaucoup de gens se font des playlists de titres et n’écoutent plus d’album de bout en bout ". Un disque cohérent, extrêmement bien accueilli à la fois par les fans et les critiques, qui contient des chœurs d’enfants, ajoutant un côté " malaisant " en combinaison avec de la musique extrême. Nergal explique ce choix : " finalement, je me suis volé l’idée à moi-même. Je l’avais d’abord fait pour mon projet Me & That Man, inspiré par le groupe Deadman’s Bones de Ryan Gosling. Et j’ai ensuite eu l’idée de tester l’osmose avec Behemoth. Cela a finalement demandé peu d’ajustements, le tempo collait bien et on a gardé l’idée. " Cet album est différent des précédents, et Cyril lui a demandé s’il craignait la réaction des fans. Nergal a simplement répondu qu’il ne voulait pas se laisser influencer par ce que les gens veulent. Ce qu’il veut, c’est une authenticité, une honnêteté, être parfaitement sincère avec lui-même. Il est fier de ce nouvel album, mais c’est un travail qui ne s’arrête jamais. Même si bien sûr, il est très heureux des échos positifs qui lui sont revenus aux oreilles. Dans la suite de l’interview, Nergal a aussi évoqué le thème de la religion. Son pays d’origine, la Pologne, est profondément catholique, et se positionner contre cela n’a pas toujours été facile. Mais il insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de critique gratuite : " je n’ai aucun souci avec les catholiques eux-mêmes, en tant qu’êtres humains. Ce n’est pas un problème de coexister. On coexiste tout le temps avec des gens d’opinions politiques différentes, de religions différentes, de genres différents, de races différentes… mais j’ai un problème avec le système catholique totalitaire qui ordonne, corrompt, ou veut imposer une manière de vivre. Je suis pour l’euthanasie, pour l’avortement, parce que je suis pour l’Humain. Le christianisme est trop peu humaniste. " Nous avons ensuite abordé des sujets plus légers : tout d’abord sa grande efficacité sur les réseaux sociaux, Instagram en premier lieu. Expert en la matière, c’est lui qui gère lui-même son compte Instagram. Il avait notamment donné une conférence sur le sujet lors du Roadburn Festival en avril dernier. Mais ne vous attendez pas au Manuel détaillé du parfait Community Manager, Nergal, lui, a simplement choisi d’être vrai et d’être surtout lui-même. Pas uniquement pour les fans, mais bien pour tous ceux qui le suivent. Il aime à la fois faire rire, surprendre, partager des choses très réfléchies, ou stupides, des maladresses, des choses qui poussent à la réflexion,… tout ce qui peut intéresser les followers, en toute spontanéité. Et le résultat est plus que satisfaisant puisque de nombreux professionnels lui demandent qui gère ce compte qui sert d’exemple : " Nine Inch Nails, Iron Maiden, Marilyn Manson, Trent Reznor, Nick Cave… ces artistes ne s’en occupent pas eux-mêmes. Imaginez ce que ça pourrait donner s’ils le faisaient ! Etre près des gens qu’on aime, c’est tellement mieux. Alors bien sûr, je partage aussi certains produits, cela me paraît normal, c’est mon métier. Mais les publications sont très variées. Ce profil est tout simplement le mien, comme je suis. " Ce n’est pas le seul objet de convoitise de la part d’autres professionnels, son webstore est également cité comme exemple régulièrement : " Nous brainstormons tout le temps, 24h/24, 7j/7. Nous faisons le choix de la qualité, vous ne trouverez pas de produits low cost Made in China. Certains items ont un prix élevé, mais d’autres seront tout à fait accessibles. Dans tous les cas, la qualité sera présente, les objets proposés faits à la main, et en quantité limitée. " C’est peut-être d’ailleurs cet aspect " fait main " qui a plu à Nergal dès notre entrée dans la salle d’interview : Cyril avait emmené avec lui un petit crucifix fait de ses mains pour le lui faire signer. Nergal a eu un coup de cœur pour l’objet et se l’est du coup fait offrir par notre animateur. Des images que vous verrez sur notre Instagram, mais aussi sur celui de Nergal (ci-dessous) ! La boucle est bouclée…