Chronique EconomiqueLa voiture électrique sera chinoise !
La voiture électrique sera chinoise !
3 min
| Publié le 01/02/23
|Disponible jusqu'au 01/02/2024
Le patron de Renault au niveau mondial n'est pas français mais italien. Il s'appelle Lucas de Meo. En France, c'est une star auprès de ses collègues patrons, pour la simple raison qu'il est en train de redresser de main de maître la marque Renault. Il était de passage hier à Bruxelles pour une conférence de presse comme nouveau président de l'Association des constructeurs européens pour faire passer un message aux autorités politiques européennes. C'est normal, c'est son rôle de président de défendre son industrie, l'industrie automobile. Et, en gros, son message on peut le résumer assez simplement : il est d'accord avec les autorités politiques qui veulent que cette industrie automobile soit évidemment moins polluante. Mais il rappelle aussi que le choix de l'Europe de tout miser sur le 100 % électrique, au détriment d'autres alternatives, lui pose un problème, à lui et à ses collègues, ne serait ce que parce que les matières premières nécessaires à la fabrication des batteries ne sont sourcés qu'à 5 % en Europe. Avec la voiture électrique, c'est simple, l'Europe se jette dans les bras des Chinois. Comme quoi la révolution, finalement, n'est jamais qu'un changement de maître. Justement, revenons sur les batteries de ces voitures électriques. Elles sont composées majoritairement de cobalt et de lithium. Or la majorité des réserves de cobalt sont situées au Congo. Mais c'est la Chine qui est propriétaire de 80 % de ce cobalt pour la simple raison qu'elle a acheté ses mines congolaises. Quant au lithium, son exploitation est un désastre écologique. Pour sortir une tonne de lithium, il faut faire évaporer 1 million de litres d'eau. Et donc, quand la presse économique dit que la France dispose dans le Massif Central d'une belle réserve de lithium, on peut se réjouir et se dire que l'Europe aura aussi bientôt son propre minerais à domicile. Ou, au contraire, s'en plaindre car il faudra faire évaporer 1 million de litres d'eau au sortir d'un épisode de sécheresse. Encore une fois, tout ça, les patrons de l'industrie automobile le savent bien, mais leur parole est décrédibilisée auprès des politiques, notamment après l'affaire du scandale du diesel. Ils représentent le mal absolu pour les députés européens. D'où d'ailleurs ce vote massif pour imposer la fin des ventes des moteurs thermiques en 2035. Alors, sur le principe, là encore c'est une bonne idée. L'europe montre le chemin aux autres pays, aux autres continents, mais reste encore à s'approprier les détails de cette transition du thermique vers l'électrique. Vous le savez, le diable se niche dans les détails. Et aujourd'hui, si la transition du thermique vers l'électrique se fait sans nuance, la voiture électrique de demain sera de marque chinoise en Europe. François-Xavier Pietri, qui a rédigé d'ailleurs un livre intitulé « Voiture électrique, ils sont devenus fous ! » rappelle que la voiture électrique va aussi poser des problèmes de reconversion aux sous-traitants, aux garagistes, car la voiture électrique nécessite peu d'entretien. Il évoque aussi l'avenir des stations service et de leurs salariés qui ne pourront pas toutes se transformer en bornes de recharge. Bref, entre un souhait légitime, encore une fois, et nécessaire, et la réalité du terrain, il y a évidemment énormément de nuances à prendre en compte. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.