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Chronique Economique

Il faut punir les banquiers en faillite !

3 min

| Publié le 12/05/23

Chaque année, des milliers de personnes font un pèlerinage ; des pèlerins qui vont dans une petite ville américaine, Omaha, dans le Nebraska. C'est là que vit Warren Buffett, le cinquième homme le plus riche du monde, considéré comme le plus grand investisseur boursier de tous les temps. Et malgré ses nonante deux ans, les plus grands de ce monde, y compris les personnes les plus modestes, viennent chaque année chercher des conseils auprès de lui. Ce n'est donc pas pour rien qu'on le surnomme l'oracle d'Omaha, du nom de sa ville. Il est surnommé ainsi pour sa sagesse. Bien qu'étant le cinquième homme le plus riche du monde, il vit toujours modestement dans une maison ultra ultra sobre, ultra modeste, qu'il a acheté il y a plusieurs décennies. Et il continue à manger des hamburgers et à boire du coca cherry. Il a d’ailleurs beau être l'actionnaire le plus important de Coca Cola, on se dit qu'il a quand même des goûts très frugaux, pour ne pas dire bizarre. Cette année, lors de son assemblée générale retransmise sur les réseaux sociaux, il s'est lâché contre les banquiers américains. Mais il l'a fait à l'américaine, si je puis dire, c'est à dire sans mâcher ses mots. En résumé, les patrons de ces banques régionales américaines qui ont fait faillite ces derniers mois sont selon lui les responsables premiers de leur déconfiture. Ils sont responsables de leur choix catastrophique de gestion. Après tout, comme Warren Buffett l'a précisé, offrir des prêts immobiliers sur dix ans à taux fixe alors que les taux montent, c'est une véritable folie. Et Warren Buffett estime donc que si on ne punit pas ces patrons de banques, d'autres referont les mêmes erreurs, les mêmes bêtises. Au passage, il a aussi sermonné les autorités de contrôle américaines qu'il considère être des amateurs sur le plan de la communication. Cet investisseur philosophe de nonante deux ans est sans pitié car il reste un capitaliste pur sang, ce qui est d'ailleurs une race en train de disparaître. Car ceux qui se disent capitalistes aujourd'hui et qui tiennent des propos assez virils sont souvent les premiers à courir dans les jupes de l'État lorsque leurs affaires tournent mal. Et pendant ce temps, ce que tout le monde peut constater, c'est que malgré ces faillites bancaires aux Etats-Unis, malgré les risques de contagion, qu'est ce qu'on constate aujourd’hui ? Que les banques vont bien et affichent la plupart du temps des profits records historiques. Aux Etats-Unis, les grandes banques vont extrêmement bien. Elles ont vu d'ailleurs la clientèle des banques régionales, donc des plus petites banques, fuir pour venir déposer leur argent auprès des grandes banques. Et donc, aux Etats-Unis, les profits des banques sont à plus de 80 milliards de dollars. C'est aussi un record historique. Mais le deuxième élément qui explique aussi la bonne tenue des banques, que ce soit d'ailleurs aux Etats-Unis ou en Europe, c'est la remontée des taux d'intérêt. C'est normal. Une hausse des taux permet aux banques d'améliorer leurs marges. Et comme en plus l'économie résiste bien, contrairement aux attentes, et que le chômage baisse des deux côtés de l'Atlantique, les taux de défaut des banques sont plutôt faibles et donc les elles doivent faire moins de provision pour risques que par le passé, ce qui augmente mécaniquement leurs profits. Est-ce à dire que la crise bancaire du début de l'année est totalement derrière nous ? Personne ne peut vraiment répondre fermement à cette question. D'autant qu'aux Etats-Unis, il y a quelques soucis en ce moment avec l'immobilier commercial. Mais il ne faudrait pas bouder son plaisir. Souvenez-vous, à une certaine époque, on disait « quand le bâtiment va, tout va ». Aujourd'hui, c'est plutôt quand ma banque se porte bien, c'est bon pour moi. Car c'est vrai, sans banque, pas de crédit, pas d'investissement et donc pas d'emplois. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.