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Chronique Economique

Erdogan risque de rempiler pour un autre mandat malgré les espoirs soulevés par son rival

3 min

| Publié le 16/05/23

Visiblement, la direction de la Turquie n'est pas prête de changer. De l'avis des observateurs, l'actuel président Erdogan, qui est déjà au pouvoir depuis 20 ans maintenant, risque bel et bien de rempiler pour un autre mandat le 28 mai prochain. Bien entendu son opposant s'est bien défendu, il a même forcé Erdogan à un second tour. D'où ce tour du 28 mai prochain. Mais l'espoir d'un changement semble peu probable, ne serait-ce que parce que le président sortant profite et active à fond les leviers du pouvoir. Non seulement il contrôle à peu près 11 % la presse locale, mais il a pu bénéficier de 48 h d'antenne à la télévision turque, contre 32 minutes pour son rival. Le contraste est pour le moins saisissant. En Europe, c'est vrai que ces élections en Turquie sont surveillées de très près, ne serait ce que parce que la Turquie appartient à l'OTAN et ce pays reste très proche de Moscou pour diverses raisons économiques. C'est sans doute étonnant, mais l'Europe, la Commission européenne en particulier, tout en ne prenant pas parti pour aucun des deux candidats, ne serait pas forcément à l'aise avec une victoire de l'opposant d'Erdogan. Pourquoi? D'abord parce qu'il a promis à ses compatriotes turcs des voyages en Europe mais sans visa, et qu'en plus il voudrait eprendre les négociations d'adhésion auprès de l'Union européenne. Or, vous le savez, la plupart des pays européens sont opposés à l'adhésion de la Turquie. Alors que, de son côté, Erdogan est beaucoup plus prévisible. Certes, il est évidemment très autoritaire, trop autoritaire, mais avec le temps, les Européens ont appris à composer avec lui. Ils savent comment négocier avec lui car il est essentiellement transactionnel, comme disent les diplomates. Autrement dit, je te donne ça et toi, en contrepartie, tu me donnes ceci. En attendant, la bourse turque fait grise mine. Il faut dire qu'elle s'attendait à une victoire nette de Kemal Kılıçdaroğlu, l'opposant d'Erdogan. Et donc, la bourse anticipe malheureusement une victoire du président sortant qui est fâché avec des économistes, qui est fâché avec les théories économiques. Alors que l'inflation est au plus haut dans son pays, Erdogan, au lieu d'augmenter les taux d'intérêt, s'entête à les baisser et les gouverneurs de la banque centrale, qui se sont opposés à lui, il les a virés, il les a licenciés. Erdogan a donc épuisé trois gouverneurs de banque centrale en moins de quatre ans. Et pendant ce temps, la livre turque ne cesse de plonger, et les Turcs achètent de l'or pour se protéger contre l'inflation galopante. Alors, si Erdogan rempile à la tête de la Turquie, la confiance des investisseurs internationaux n'est pas prête de revenir. Et d'ailleurs les actions et les obligations turques ne les intéressent plus, elles leur brûlent littéralement les doigts. Il y a dix ans, les investisseurs étrangers détenaient 152 milliards d'avoirs turcs sous forme d'actions d'obligations. Aujourd'hui, c'est seulement à peine 24 milliards. Quel gâchis! Mais bon, il paraît que les peuples sont libres de choisir leur destin. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.