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Chronique Economique

Et si les risques de cyber attaques ou les risques liés au changement climatique devenaient inassurables ?

3 min

| Publié le 18/07/23

Nous entrons, sans le savoir, dans un monde où il sera de plus en plus difficile de s'assurer. C'est vrai aussi bien pour le particulier que pour l'entreprise ou une administration publique. Ce danger d'entrer dans un monde inassurable, c'est le directeur général de Zurich Insurance qui l'a indiqué au Financial Times. Pour lui, c'est très clair, les cyberattaques vont devenir inassurable, encore plus que les catastrophes naturelles qui font pourtant les gros titres des médias. C'est évidemment une mauvaise nouvelle pour les hôpitaux, les entreprises, mais aussi les infrastructures de transport ou d'énergie. Face à la multiplication de ces attaques, les assureurs deviennent de plus en plus frileux. Ils ont d'abord augmenté leurs primes, mais aujourd'hui, certains d'entre eux ne veulent plus absorber, endosser les pertes et la plupart d'entre eux excluent déjà les cyberattaques déclenchées par des États. Alors les assureurs estiment qu'ils n'ont pas à prendre en charge les conséquences de ces attaques qu'ils estiment comme des risques systémiques. Mais le résultat, c'est qu'il y a déjà des procès, comme on l'a vu récemment encore aux Etats-Unis. Alors justement, parlons des Etats-Unis. Pas pour le plaisir, mais parce qu'en général, ce qui s'y passe finit par arriver chez nous quelques mois ou quelques années plus tard. Et aujourd'hui, par exemple, le changement climatique fait fuir les assureurs. State Farm, un assureur très connu aux Etats-Unis, a décidé de ne plus prendre de nouveaux clients en Californie. Car face à la multiplication des feux de forêt, des tornades, des usines et des inondations, le business model de cet assureur est en danger. Et d'ailleurs, d'autres assureurs l'ont imité. Si d'autres assureurs, et notamment en Europe, devaient tour à tour se retirer de leur métier qui consiste pourtant à nous protéger contre l'incertitude, après tout, on ne s'en rend pas compte. La faute à qui alors? Mais au risque. Le métier d'un assureur, comme vous le savez, c'est justement de calculer au plus juste ce risque et de lui donner un prix sous forme d'une prime à payer. Mais que peut faire l'assureur quand le risque échappe au calcul des probabilités ? Et on a vu ce phénomène lors de la crise sanitaire avec un virus dont aucun scientifique ne comprenait vraiment les mutations. On le voit avec la géopolitique et les cyberguerres, et on le voit avec les mutations rapides du climat. Donc, oui, les assureurs, lentement mais sûrement, refusent d'assurer l'inassurable, laissant sans doute à nouveau l'Etat seul face à ses responsabilités. Or, l'Etat, vous le savez tous, est déjà hyper endetté et n'a pas vocation à être l'assureur en dernier ressort. Il faudra donc que l'assurance se réinvente et c'est donc aujourd'hui seulement qu'on se rend compte que sans assurance, c'est simple, il n'y a pas de développement économique possible. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.