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Chronique Economique

Piratage des données des clients de Ferrari

3 min

| Publié le 22/03/23

C'est un fléau dont on parle régulièrement, mais rien ne semble bouger. Je parle des cyberattaques. Presque toutes les semaines, on apprend qu'une entreprise, un ministère, un hôpital ou une banque se sont vu subtiliser, dérober des milliers et des centaines de milliers, voire des millions de données par des pirates. Et à chaque fois, c'est toujours la même rengaine. Les uns disent qu'ils ont payé la rançon et puis les autres disent qu'ils n'ont pas du tout céder au chantage. Mais, au final, les fuites de données en série montrent qu'il y a encore une forme de laxisme généralisé dans nos sociétés, et notamment de la part des géants de la tech en matière de cybersécurité. On l'a vu encore dans l'actualité cette semaine auprès de Ferrari. En moins de six mois, la firme au cheval cabré a été piratée. Le dernier piratage date d'ailleurs officiellement de ce lundi. D'autres constructeurs automobiles, c'est vrai, ont aussi été piratés. Mais il est vrai que la clientèle de Ferrari rend cette société extrêmement intéressante pour les pirates. Car les propriétaires de ces véhicules, qui coûtent souvent un porte-avions, donnent beaucoup d'informations pour acheter leurs petites voitures rouges et donc leurs données ont visiblement plus de valeur sur le marché des hackers. Alors la direction de Ferrari n'a pas cédé au chantage et elle a même précisé, par porte-parole interposé, qu'elle ne comptait pas verser de l'argent au pirate en question. Un ami facétieux m'a avoué que c'était une très mauvaise décision, car les pirates, souvent d'ailleurs logés en Russie, aiment les objets de luxe et ils auraient sans doute utilisé cet argent pour s'acheter une Ferrari. Enfin, pas tout à fait, car il faut dire que les résultats financiers de Ferrari sont exceptionnels. L'année 2022 s'est terminée d'ailleurs avec un bénéfice qui tutoie le milliard d'euros et comme la marge opérationnelle était de 34 %, mais alors loin, très loin des marges des autres constructeurs automobiles, les analystes financiers classent souvent Ferrari dans le monde du luxe plutôt que celui de l'automobile. D'ailleurs, citez moi, c'est un défi. Un autre constructeur qui décide de ne plus prendre de commandes en 2023 pour certains modèles comme vient de le faire Ferrari. Revenons à nos moutons, c'est à dire au piratage de Ferrari. Ce qu'on découvre aussi aujourd'hui, et c'est en soi une assez bonne nouvelle, c'est que nos données numériques sont tellement souvent piratées qu'elles en ont perdu de la valeur. Et mes confrères de Numérama cite l'exemple des 235 millions d'adresses mail reliées à un compte Twitter qui ont été vendues pour moins de 2 € sur un forum de hackers. Et mes confrères de Numérama ont raison de rappeler, qu'aujourd'hui, un numéro de téléphone, une adresse mail n'ont plus de valeur, ne serait-ce que parce que les réseaux sociaux les vendent déjà aux annonceurs pour les ciblages publicitaires. En revanche, c'est vrai, l'usage de ces données croisées avec d'autres peuvent être très dangereuses, notamment lorsque les pirates envoient un courrier plus vrai que nature, par exemple, à la comptable du patron pour verser telle somme rapidement sur tel compte. Et c'est vrai que c'est une des craintes liées à l'arrivée de l'intelligence artificielle, et notamment de ChatGPT, qui pourrait, par sa simplicité justement démocratiser, si je puis dire, la cyber criminalité. Mais au fond, c'est l'éternel combat entre l'arme et la cuirasse. Et la meilleure cuirasse de l’avis même des experts, c'est d'avoir. C'est que nous ayons tous et toutes une hygiène numérique. Au fond, j'ai failli dire peu importe l'outil qui sera utilisé demain pour nous hacké, ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est qu'à la fin des fins, la nature des demandes, elle, elle ne va pas varier. On va nous demander d'envoyer de l'argent, de communiquer des données ou des accès, ou de télécharger des pièces jointes, ou encore de cliquer sur un lien. Alors c'est vrai que mes amis avocats fiscalistes me disent souvent que dans le doute, l'administration fiscale n'hésite pas, elle taxe. Eh bien, nous, simples contribuables, simples citoyens! Dans le doute, on fera l'inverse du fisc, on ne cliquera pas. C'est une sorte de 11ᵉ commandement avec lequel il nous faudra apprendre à vivre. --- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30 sur Classic 21, la radio Rock'n'Pop.