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Classique

Carnets d'opéra

L'Enchanteresse de Tchaïkovski à l'Opéra de Francfort

5 min

| Publié le 11/01/23

L’Opéra flamand voici dix ans, Vienne ou Lyon depuis, Francfort maintenant : de temps en temps, on voit apparaître sur la carte lyrique européenne des représentations de L’Enchanteresse (Tcharodeika). Créé à Saint-Pétersbourg en 1886, cet opéra fait partie des oubliés de Tchaïkovski. Et à l’heure où la Monnaie célèbre amplement le grand compositeur russe (après La Dame de Pique en début de saison, Eugene Oneguine est attendu fin du mois), il est intéressant de découvrir ses autres facettes lyriques, et notamment cet ouvrage non sans défauts mais fort d’une splendide musique. Tchaïkovski s’en rendit compte rapidement et en fit une des raisons de l’échec de l’œuvre : le livret d’Ippolit Schpaschinski est bavard. L’œuvre compte plus de trois heures de musique et, malgré la longueur du texte, Tchaïkovski y a glissé quelques belles pages orchestrales. Il y a aussi un formidable passage de polyphonie a cappella au final du premier acte, des duos à faire chavirer et surtout un magnifique grand rôle féminin : celui de Nastasja alias Kuma, une jeune veuve dynamique et indépendante qui, dans son auberge ouverte aux artistes et marginaux, résiste au pouvoir en place. Et d’ailleurs aussi à l’amour étouffant que le Prince nourrit pour elle. Avec Asmik Grigorian, l’Opéra de Francfort s’est assuré l’interprète idéale de ce grand rôle, tant vocalement que théâtralement. Valentin Uryupin dirige splendidement l’Orchestre local, tandis que Vasily Barkhatov – qui est aussi le compagnon de la prima donna – livre une version " moderne " sans grande imagination mais efficace.