Cannabis : une enquête de Mathieu Kassovitz et Antoine Robin

Quand interdiction rime avec consommation

Pendant un an, Mathieu Kassovitz et Antoine Robin ont enquêté sur ces pays qui ont choisi la légalisation du cannabis : Maroc, Espagne, Pays-Bas, Canada, Thaïlande. En France, ils ont rencontré les dealers, les policiers, les usagers... Pour comprendre ce paradoxe : la France, où la loi est la plus répressive, est le pays d'Europe qui compte le plus grand nombre de consommateurs, dont un tiers ont moins de 25 ans. Avec près de quatre mille points de deal en France - " C'est deux fois le nombre de restaurants Mac Do en France ! " -, le commerce illicite de cannabis rapporte chaque année trois milliards aux trafiquants. La loi française qui interdit depuis 1970 l'usage de tous les stupéfiants a fait de notre pays l'un des plus répressifs en la matière. Pourtant, le nombre de consommateurs s'élève à plus de six millions, dont un tiers de jeunes de moins de vingt-cinq ans. Un chiffre très élevé en comparaison avec les pays qui ont fait le choix de légaliser. Mais en France, le sujet reste " hautement inflammable ", selon Éric Henry, délégué national Alliance Police Nationale. Pour en comprendre tous les enjeux, Mathieu Kassovitz et le réalisateur Antoine Robin sont allés à la rencontre des addictologues, des dealers, des consommateurs, de députés et de policiers de terrain. Ils ont remonté la filière du cannabis au Maroc, jusque dans la région du Rif qui alimente 80 % du marché français. Puis en Espagne, à Algésiras, ils ont accompagné la Guardia Civil qui lutte inlassablement contre l'arrivée massive de cannabis par bateaux et camions. L'enquête se poursuit aux Pays-Bas, la " Colombie de l'Europe ", devenus un " narco-État ". Au Canada, le premier pays du G7 à avoir légalisé, ils découvrent un système qui permet de légaliser la vente, la possession et la consommation de cannabis récréatif. Pour conclure, Mathieu Kassovitz a mené un entretien exclusif avec Justin Trudeau, le Premier ministre. Cinq ans après la dépénalisation, il constate " moins de pression judiciaire et pénale, moins de discriminations ", et il en est sûr : " Il n'y a pas de raison d'avoir peur. "