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Au Sénégal, les baobabs ploient sous la pression des cimentiers

2 min

| Publié le 30/10/19

Symbole de vie et de mort "Il y avait des manguiers, des eucalyptus, des acacias, des baobabs. Regardez, il n'y a plus une fleur, plus un animal. Ici, la nature ne pourra plus jamais reprendre ses droits", se désole Mame Cheikh Ngom, professeur de géographie à l'université de Dakar, en observant autour de lui l'un des rares baobabs encore debout.  Selon lui, il ne reste plus de la forêt que 2.000 hectares, un cinquième de sa superficie originelle. Originaire du village, il pointe du doigt la béance désolée d'une ancienne carrière, des engins de construction rouillés et des abris de béton abandonnés aux lézards et aux serpents après le départ des industriels. "Maintenant, les mamans disent aux petits de ne plus jouer dans la forêt, elles ont trop peur qu'ils se fassent écraser", soupire le professeur, avec en arrière-plan l'ombre fantomatique de la cimenterie, flottant dans un nuage de poussière d'où émerge un va-et-vient incessant de poids lourds. Arbre emblématique du Sénégal, le baobab associe des symboles forts, évoquant la vie et la mort: si ses feuilles servent à la confection de tisanes médicinales et ses fruits de remèdes pour les nouveau-nés, les anfractuosités de son large tronc ont longtemps fait office de linceul pour les griots.