Elle fut l’une des femmes les plus célèbres de son temps, née en 1689, morte en 1762. L’une de celles qui avaient décidé de ne pas suivre la voie toute tracée aux jeunes filles de très bonnes familles. Lady Mary Wortley Montagu. Petite fille vive, elle deviendra, en épousant un diplomate, ambassadeur d’Angleterre à la cour ottomane, une femme avide de partager ses découvertes, de casser les clichés en cours sur la perception des autres culture. Elle écrivit, beaucoup, ses « Turkish letters » ont traversé les époques et l’ont fait rentrer dans l’histoire comme l’égale de la marquise de Sévigné.

Nous sommes en 1762. Dans un ouvrage, qui paraît avec le plus grand succès et qui s’intitule « L’art de sentir et de juger en matière de goût », son auteur, l’abbé Seran de La Tour, écrit : « Le goût imparfait jouit de ces chefs-d’œuvre de l’art, sans en connaître le prix. Il n’est pas fait pour analyser les effets agréables qu’il éprouve ; il les éprouve, cela lui suffit. La jouissance du plaisir qu’il ressent l’intéresse beaucoup plus que sa cause. Le goût délicat jouit comme le goût grossier ; mais sa jouissance a beaucoup plus de perfection et beaucoup plus d’étendue. Il distingue, dans le même mets, ce qui est insipide et ce qui a beaucoup de goût, ce qui est amer et ce qui est doux, ce qui est fade et ce qui a du parfum ; il ferait l’histoire de sa décomposition s’il était nécessaire, tant il a de sagacité à pénétrer les mystères que l’art lui fait. » C’est à une histoire du goût à l’époque moderne que je vous convie, aujourd’hui.

UNE HISTOIRE DU GOÛT À L’ÉPOQUE MODERNE

1000 Jours dans l’Histoire

Notre histoire commence le 13 août 1762. Nous sommes à Marcourt, le long de l’Ourthe, dans ce qui correspond, aujourd’hui, à la province du Luxembourg belge. A l’époque sous domination autrichienne.Nous venons d’assister à la naissance d’une petite fille que ses parents vont prénommer Anne-Josèphe. Anne-Josèphe Théroigne, petite paysanne ardennaise, illettrée, va connaitre un destin extraordinaire puisqu’elle deviendra l’une des pionnières du féminisme lors de la Révolution française. De Marcourt à Paris, en passant par Londres, l’Italie, Vienne, elle va goûter aux joies de la vie mondaine, aux affres de la passion et aux tentations de la vie d’artiste. Femme entretenue, femme libérée, elle trouvera sur sa route l’exaltation de la liberté, mais aussi la terreur,  l’humiliation et la folie. Pour les siècles qui ont suivi elle reste Théroigne de Méricourt.

1000 Jours dans l’Histoire
LETTRES TURQUES DE LADY MARY WORTLEY MONTAGU

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