Nous sommes en mars 1915, à Berne, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes. C’est lors de cette manifestation que les femmes sont encouragées à protester contre la guerre qui leur enlève fils et maris. Il en ressort un Manifeste qui les exhorte à refuser l’Union sacrée du profit du capitalisme et à lui préférer la solidarité prolétarienne et la paix. Trois ans plus tôt, en 1912, lors de la Conférence de Bâle, Clara Zetkin, enseignante, journaliste marxiste allemande, avait déjà appelé ses consœurs à lutter contre le conflit qui s’annonçait. Les femmes sont-elles pacifistes par nature ? Que nous disent les siècles d’histoire ?

Nous sommes le 4 avril 1915. Un certain Jules Gourdet, propriétaire à Perthes-en-Gartinais, au sud-est de Paris, héberge des réfugiés belges, néerlandophones, à la recherche de leur petite fille. Il rédige une lettre aux autorités de l’hôpital anglais de La Malassise,  dans le Pas-de-Calais. Sans doute est-il aidé par un interprète. Il écrit : 
« Excusez-moi si je me permets de vous écrire pour vous demander des renseignements sur une fillette de 10 ans, Martha Bryon, blessée aux jambes d’éclats d’obus vers le 29 avril (…) Avant, cette fillette a été à l’hôpital Poperinge (sic) deux jours. Ces malheureux ont eu sous les yeux quatre des leurs tués plus une fillette blessée. Ils ont beaucoup de chagrin, c’est compréhensible. Ils ont tout perdu et sont âgés. Ils étaient réfugiés en Bretagne. Ayant l’habitude de faire des travaux agricoles, ils m’ont savoir où ils étaient. Je les ai fait venir. A l’heure actuelle, ils sont chez moi cinq personnes ( …) Je vous prierai d’avoir la grande bonté de me passer un mot sur l’état de santé de ses blessures et lui dire qu’ils pensent bien à elle et sitôt remise qu’elle reviendra avec eux à Perthes (…) »
Durant la Grande Guerre, 350 000 belges se sont exilés en France. Comment ont-ils été accueillis ? Quel a été leur quotidien ? Nous partons sur leurs traces…

350 000 BELGES EXILÉS EN FRANCE

1000 Jours dans l’Histoire

Nous sommes le 23 mars 1915. A Vienne. Stefan Zweig écrit à Romain Rolland qui s’apprête à recevoir le prix Nobel de littérature quelques mois plus tard. Dans sa lettre, il est question de leur ami commun, le poète belge Emile Verhaeren. « J’ai lu les propos de Verhaeren dans « Le Temps » et dans « Les Annales », nos journaux les ont reproduits. Je suis fermement décidé à rompre avec lui, dit-il. Le poème passe encore, sous le coup de l’émotion et de l’exaspération du début : mais ces épanchements dans son essai sur « La Belgique sanglante » sont parfaitement odieux. Je ne me vois pas discutant de nouveau avec lui. » Zweig ajoute « j’ai lu aussi le passage où il me renie publiquement. Et je l’ai lu sans douleur. S’il ressent véritablement ceci, que chaque être de langue allemande est son ennemi, alors c’est que notre relation s’était déjà défaite, non seulement en raison d’une dissonance nationale, mais en raison d’une dissonance humaine… »

1000 Jours dans l’Histoire
LES FEMMES AIMENT-ELLES LA GUERRE ?

Tag(s)

1000 Jours dans l’HistoireLES FEMMES AIMENT-ELLES LA GUERRE ?

Tag(s)

1000 Jours dans l’Histoire
LES FEMMES AIMENT-ELLES LA GUERRE ?