Nous sommes le 1er juillet 1968,  à Francfort. C’est dans sa baignoire que l’on retrouve, mort, le procureur Fritz Bauer. Depuis la fin de la guerre, Bauer a consacré toute son énergie à obtenir justice et compensations pour les victimes du régime nazi. De 1957 à 1960, il a, notamment,  contribué de façon décisive aux efforts pour retrouver Adolf Eichmann, haut dignitaire du IIIe Reich, réfugié en Argentine.
Fritz Bauer savait que son action, son obstination dérangeait, il se savait haï et en danger : « Dès que je sors du palais de justice, disait-il,  je me retrouve en territoire ennemi ». Après sa mort on a retrouvé son appartement très en ordre alors qu’habituellement il était jonché de manuscrits. Une mort subite sans traces et jamais remise en question par les autorités. A sa manière, Fritz Bauer s’est inscrit dans le processus de dénazification élaboré après 1945. Un processus complexe de punition mais aussi de prévention. Une dénazification dont l’efficacité et l’accomplissement ont  été, régulièrement, soumis au doute.

Nous sommes le 7 novembre 1968, à Berlin. Grâce à un photographe qui lui a prêté sa carte, Beate Klarsfeld parvient à se faufiler dans le parlement allemand où le chancelier Kiesinger doit tenir un discours. Kurt Kiesinger, dont la presse a révélé le lourd passé nazi sans que cela suscite la moindre indignation. Beate, soutenue par son mari Serge, tous deux militants contre l’antisémitisme et pour la condamnation des criminels nazis qui ont échappé à la justice, Beate, donc, a décidé de frapper un grand coup. Parvenue derrière le siège de Kiesinger, elle lui assène une gifle à toute volée … ce geste l’a fait entrer dans l’Histoire. Aujourd’hui, les Klarsfeld reviennent sur leur parcours de « chasseurs de nazis » dans un ouvrage qui s’intitule, sobrement, « Mémoires ».

BEATE ET SERGE KLARSFELD, LE COMBAT D’UNE VIE

1000 Jours dans l’Histoire

Nous sommes le 25 juillet 1968. Jour de la promulgation, par le pape Paul VI, de l’encyclique « Humanae Vitae ». Dans cette encyclique, l’Eglise rappelle que sa doctrine sur le mariage est fondée « sur le lien indissoluble entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation ». Le pape insiste, notamment, sur le concept de « paternité responsable », qui demande l'intervention de la raison et de la volonté. Il rappelle aussi la doctrine de l'Église catholique sur la contraception artificielle :
« En conformité avec les points fondamentaux de la conception humaine et chrétienne du mariage, nous devons encore une fois déclarer qu'est absolument à exclure, comme moyen licite de régulation des naissances, l'interruption directe du processus de génération déjà engagé, et surtout l'avortement directement voulu et procuré, même pour des raisons thérapeutiques. Est pareillement à exclure, comme le Magistère de l'Église l'a plusieurs fois déclaré, la stérilisation directe, qu'elle soit perpétuelle ou temporaire, tant chez l'homme que chez la femme. ». Ce texte qui parait en pleine période de révolution sexuelle fait l’effet d’une bombe, y compris dans le rang des croyants. Pourquoi en est-on arrivé là ? Il va nous falloir, encore une fois, remonter la ligne du temps…

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L'ALLEMAGNE FACE A LA DÉNAZIFICATION

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