Nous sommes le 5 novembre 1967, à Anvers. La ville est sous tension : trente mille Flamands défilent dans les rues. Les manifestants exigent le départ des étudiants francophones de l’université de Louvain. Ils invoquent le droit du sol et l'unilinguisme régional. Mais leurs motivations ne sont pas qu'idéologiques : la démocratisation de l'enseignement universitaire et la multiplication du nombre d'étudiants rend la cohabitation difficile dans la petite ville brabançonne. Après la manifestation d'Anvers, les étudiants flamands vont défiler régulièrement dans les rues de Louvain. Filles et garçons scandent des slogans hostiles aux francophones, dont le célèbre "Walen buiten". Trois mois plus tard, le 7 février 1968, le gouvernement Vanden Boeynants démissionne.

Considéré comme le premier instigateur du surréalisme en Belgique aux côtés  de Magritte,  Paul Nougé est aussi l’un des fondateurs du Parti Communiste belge. Poète, écrivain et polémiste,  il s’est toujours refusé à la tentation de l’œuvre littéraire et de la posture d’écrivain. D’où son absence relative de nos mémoires et de nos manuels. Entreprise inédite, "Au palais des images les spectres sont rois" restitue l’ensemble des écrits de Paul Nougé publiés de son vivant, entre 1922 et 1967. L’occasion de retracer avec Gérard Berréby, qui a supervisé cette édition, le parcours du premier théoricien du surréalisme belge.

PAUL NOUGÉ  ET LE SURRÉALISME BELGE

1000 Jours dans l’Histoire

« Nous étions le 26 août 1967, dans la soirée, écrit l’enseignante Song Yongyi, lorsqu’elle se remémore la révolution culturelle chinoise, il faisait nuit noire et j’avais couché nos trois enfants. J’entendis soudain quelqu’un frapper à la porte avec insistance. Avant que j’aie le temps de me lever, le secrétaire de brigade et le chef de milice fracturèrent la porte à coups de pied. Debout ! Allez debout ! Réunion ! dirent-ils d’un ton cinglant, plutôt inhabituel. Cela présageait plus de mal que de bien, mais je ne pensais pas qu’on en arriverait à tuer des innocents. Je tentai de rassurer mon fils aîné, Linhai, qui pleurait de terreur : Occupe-toi bien de ton frère et de ta sœur. Maman va revenir bientôt. » Finalement les enfants de Song Yongyi seront emmenés, eux aussi. Ils mourront tous les trois. On se replonge, aujourd’hui, dans les abîmes du maoïsme.

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L'AFFAIRE DE LOUVAIN : WALEN BUITEN

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