Nous sommes 8 juillet 1938, devant la cour d’assises de Liège. Il est 14h30. Après avoir reçu lecture des trente-huit questions auxquelles il aura à répondre, le jury se retire. A 17h50, l’audience reprend. La foule est là, compacte, les journalistes sont nombreux : il faut dire que l’on juge une empoisonneuse ! Le président du jury répondra « oui » à toutes les questions exceptées à trois d’entre elles. L’avocat général réclame la peine de mort. La délibération dure moins d’une demi-heure : Marie Petitjean, veuve Becker, dite la veuve noire, est condamnée à mort et aux frais de justice. Cette affaire est importante car elle aura fait avancer les recherches en médecine légale et en toxicologie.

Nous sommes à l’automne 1938. Aux Pays-Bas. Guillaume II, l’un des principaux protagonistes de la Première Guerre mondiale,  est en exil, depuis vingt ans, au  château de Doorn. Depuis cinq ans Hitler est arrivé au pouvoir. Dans son numéro 393, l’hebdomadaire « Voilà »,  fondé par Gaston Gallimard décide de publier une interview du dernier empereur allemand. L’article est annoncé comme : « Une entrevue sensationnelle : Guillaume II déclare à l’envoyé spécial de VOILA ce qu’il pense d’Hitler et des événements actuels ». Le kaiser déclare au journaliste qui l’interroge sur le Führer : « C’est un homme seul, sans famille, sans enfant, sans dieu. Pourquoi serait-il humain ? Sans doute est-il pur : mais cette pureté excessive le tient loin des hommes et des choses… Il se prépare des légions, mais il ne fait pas une nation. 
Créer une nation se fait avec des familles, une religion, des traditions : elle se fait avec le cœur des mères, l’expérience des pères, la joie et l’enthousiasme des enfants… Là-bas un Etat vorace, dédaigneux des dignités et des hiérarchies humaines, se substitue à tout… Et l’homme qui a lui seul incarne cet Etat n’a ni dieu à honorer, ni dynastie à sauvegarder, ni passé à consulter… ». Etranges paroles de celui dont le rôle dans le déclenchement du conflit de 14-18 fait encore débat.

GUILLAUME II, DERNIER EMPEREUR ALLEMAND

1000 Jours dans l’Histoire

Nous sommes le 18 février 1938, à Paris. Sur proposition du garde des Sceaux, càd, le ministre de la justice, Lazare Rachline est naturalisé français. Il a trente-deux ans, il vit en dans l’hexagone depuis trente et un an et neuf mois. Alors, pourquoi si tard ? Ses origines de juif russe immigré y sont peut-être pour quelque chose. Son militantisme aussi. Il est le cofondateur de  la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Deux ans plus tard, engagé volontaire, évadé du Stalag où il était prisonnier, il sera un résistant de la première heure. Chef de la principale filière d’évasion de France, travaillant en étroite collaboration avec les services secrets britanniques, il sera Lucien Rachet puis Socrate. En mars 1944, de Gaulle lui confie le soin de restructurer la résistance en vue de la Libération. La mort de son frère , torturé par la gestapo, sera la grande rupture de sa vie. C’est ce parcours que nous vous racontons, aujourd’hui, celui d’un résistant : Lazare Rachline.

1000 Jours dans l’Histoire
LA VEUVE BECKER ET LA MEDECINE LEGALE

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