Nous sommes le cinq septembre 1760. Denis Diderot, l’un des principaux artisans de l’Encyclopédie, déclare dans une lettre « je suis un glouton ». Ce jour-là, en effet, il vient d’engloutir une tourte entière, trois ou quatre pêches, du vin ordinaire, du vin de Malaga et une grande tasse de café. Sa correspondance est d’ailleurs truffée de fromage glacé, liqueurs, anguilles, perdrix au chou, babas, pâtés. Quelques heures avant de mourir, le trente juillet 1784, il dévore encore une soupe, du mouton bouilli et de la chicorée. Mais si l’homme avoue ses excès de bouche, le philosophe fustige les errements de la gastronomie. C’est à la table de Louis XV que nous vous emmenons aujourd’hui.

Nous sommes le 23 décembre 1760, au monastère de Perrecy, en Bourgogne. Le frère Hillarion fait la lecture au réfectoire. C’est pour cela que son repas l’attend au bord de la cheminée, dans la cuisine, où il se rend après sa lecture. Et c’est à ce moment qu’il aperçoit l’abbé des Brosses s’enfuir. Ce qui éveille, naturellement, ses soupçons. Ni une ni deux, Hillarion examine minutieusement les plats qui lui étaient destinés. Il y découvre une poudre blanche. L’idée lui vient de faire tester cette pitance à un chien … qui meurt deux plus tard ! En conséquence, il met les portions et le chien sous clés et porte plainte. Le 31 décembre, deux chirurgiens procèdent à un examen des pièces à conviction. Extrait : « Après avoir fait lever les scellés en présence de tous les susnommés, nous avons trouvé, dans la cassette, une écuelle dans laquelle il y avait de la soupe, et deux plats d’étain, dans l’un desquels étaient des haricots fricassés, dans l’autre… quelques pommes de terre frites. »

LES MYSTÈRES DES ORIGINES DE LA FRITE

1000 Jours dans l’Histoire

Nous sommes en juin 1760. Le Journal de la médecine annonce la parution d’un « libellus » latin qui est bientôt traduit en français sous le titre de « Dissertation sur l’usage de la ciguë ». Dans cet article qui sera repris un an plus tard par la Gazette salutaire, imprimée à Bouillon, on prête à cette plante des chemins et  des décombres, terriblement toxique, le pouvoir du guérir les cancers et notamment celui du sein. La découverte est le fait d’un jeune et brillant médecin viennois, Anton Störck. Son traitement aberrant va pourtant susciter les espoirs les plus fous. Il permettait d’échapper, en effet,  à la simple, radicale et douloureuse excision.

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À VERSAILLES, À LA TABLE DE LOUIS XV

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