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La Première

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Histoire

1000 Jours dans l’Histoire

L'HISTOIRE DE LA FOLIE

24 min

| Publié le 06/06/17

Nous sommes au tournant des dix-neuvième et vingtième siècles, à l‘hôpital Sainte-Anne de Paris, devenu l’un des symboles des asiles psychiatriques. L’un des anciens «pensionnaires» témoigne : « J’entrai dans ce vacarme comme dans une forêt hurlante (…) Autour de moi, d’un bout à l’autre des deux rangées de lits, sous une lumière triste, tout était figé. Pas un geste, à peine un frissonnement. Au lieu d’en jaillir, la clameur semblait littéralement peser sur une série de visages collés à plat, au bouts de lits. Rien ne vivait sur ces faces sans contour que les bouches noires ; elles paraissaient, dans la pénombre, autant de blessures ouvertes par l’explosion d’une irrésistible fureur. C’est en regardant mieux ces gisants que je finis par comprendre la raison de leur exaspération inerte. Beaucoup avaient été camisolés de si près que le moindre mouvement leur était absolument interdit. Ils ne pouvaient plus que crier, dans une même frénésie (…) Tous autour de moi, étaient, non seulement, camisolés mais attachés court, un bras à gauche, un bras à droite, une jambe à gauche, une jambe à droite. Des bandes de toile épaisse les amarraient aux côtés de leur lit ? Certains avaient la nuque retenue également aux montants par une bande qui les empêchait de se redresser (…) A quatre heure du matin, la garde changea. Je revis les trois infirmiers qui m’avaient accueilli. Ils se mirent à faire les lits. La plupart des draps étaient souillés. Impassibles, les hommes les changeaient, retournaient les malades, après avoir soulevé et détaché les malades camisolés, qu’ils rattachaient avant de passer au lit suivant. Alors, faisaient-ils de temps en temps, t’as encore fait le salingue ? »