ZUT. Zone Urgente à Transformer - Une histoire de contamination par les pesticides

En 2016, Marie-Thérèse, une habitante d'une commune de Wallonie, en Belgique, tire la sonnette. Dans les trois rues autour de sa maison, elle a dénombré un grand nombre de maladies et de décès. Pour elle, les responsables, ce sont les pesticides. Son histoire se médiatise, le monde politique s'en saisi, mais au fond, la question qu'elle a soulevée ne trouve pas de réponse. En 2021, elle continue sa lutte, acharnée, accompagnée par Christian, et quelques autres. Christian veut créer dans le village une ZUT, une Zone Urgente à Transformer, qu'on se saisisse du problème, et qu'on invente ensemble une autre manière de faire. Leur objectif aussi est de rendre visible cette contamination invisible. Dans d'autres coins de la Belgique, d'autres acteurs, des paysans, agriculteurs, scientifiques, chercheurs se débattent avec le même problème. Comment sortir de notre dépendance aux intrants chimiques ? Comment rendre visible tous les aspects du problème ? Chez Anne Bedoret, agricultrice conventionnelle qui cultive la betterave, le changement ne cesse d'arriver. Mais il ne peut se faire que lentement, pas à pas. Pour elle, le monde agricole est comme un paquebot, qui doit opérer ses virages sans brusquerie. Pourtant, au vu des effets de certains produits, des scientifiques comme Corinne Charlier du Centre Hospitalier de Liège estiment que le danger est plus grand que les bénéfices apportés par ces produits. Tijs Boelens, lui, a fait le choix radical de n'utiliser aucun produit, cela l'amène à penser son exploitation d'une toute autre manière, et à faire appel à beaucoup de main d'œuvre. Mais est-ce un modèle viable ? Peut-il être reproduit ? Et si jamais nous parvenons à créer une autre modèle, comment ferons-nous pour ne pas exporter la contamination vers le reste du monde ? Larissa Bombardi peut en témoigner. Après avoir dénoncé les pollutions par les pesticides au Brésil, elle a dû s'exiler avec ses enfants, et elle s'est installée à Bruxelles. Pour elle, la Belgique en produisant sur son sol des pesticides qui sont interdits, et en les exportant notamment vers le Brésil se rend coupable d'une nouvelle forme de colonialisme. Un colonialisme moléculaire.